Paul
GAUGUIN
Peintre,
céramiste, graveur, sculpteur sur bois. Montmartre 7 juin 1848
- Iles Marquises 8 mai 1903.
Né
dun père beauceron et dune mère péruvienne,
il voit le jour au 52, rue Notre-Dame de Lorette (aujourdhui
le 56). A un an, ses parents lemmènent au Pérou,
où ils restent jusquen 1854. à la fin de 1865,
il sengage comme pilotin, et navigue jusquen 1871. Atelier
15, rue La Bruyère, en 1872. En 1873, Gauguin épouse
Mette Gad, une jeune danoise de bonne famille, logée avec sa
sur rue des Martyrs, qui lui donnera cinq enfants ; celle-ci
est parente par alliance du peintre norvégien Frits Thaulaw.
Ils habitent place Saint-Georges. A cette époque Gauguin est
un agent de change prospère, et aussi un collectionneur avisé
et un peintre amateur. En 1876, le Salon accepte dexposer un
paysage. Lété 1878 le voit à Pontoise,
il peint avec Pissarro quil a toujours reconnu comme son maître;
cest lui qui lui apprend à préparer ses toiles
et qui le dirige vers Tanguy, le marchand de couleurs ; cette période
impressionniste dure jusquen 1885. Degas a aussi une grande
influence sur Gauguin, surtout dans ses scènes dintérieur
; il le fait entrer chez Durand-Ruel, et achète lui-même
des uvres. Les tableaux de la série des chanteuses de
café-concert (1879) sont très proches des uvres
du maître impressionniste.
Le
krach de 1882 provoque leffondrement de la bourse, Gauguin perd
son emploi, et décide, bien malgré lui, de vivre de
sa peinture, non sans avoir tenté de diverses manières
de continuer à spéculer. La famille Gauguin quitte Paris
en novembre 1883, pour Rouen où la vie est moins chère,
et où se trouve Pissarro ; ils logent à lhôtel
dEspagne et du Dauphin, propriété de Murer. Fin
1884, ils partent pour Copenhague ; le séjour est un échec
et Paul est plus ou moins chassé par la famille de sa femme.
Il laisse à celle-ci sa superbe collection de tableaux, en
la suppliant de garder au moins les Cézanne. Il retourne à
Paris en juin 1885 ; en septembre, il part à Londres, et sarrête
à Dieppe, où il se brouille avec Degas.
Retour
à Paris en 1886. Bien que ne peignant guère, il participe
avec dix-neuf tableaux à la dernière exposition impressionniste,
celle où Seurat présente la Grande Jatte.
Premier voyage en Bretagne, chez la mère Gloanec, en juillet.
Le séjour améliore son moral. Ce nétait
pas le premier peintre à y séjourner mais cest
lui qui va rendre le lieu mythique. La Danse des 4 Bretonnes
est sans doute la première toile exprimant ses théories
artistiques. Schuffenecker lui envoie un jeune artiste, Emile Bernard,
mais ils ne deviendront amis que deux ans plus tard.
Retour à Paris, essais de sculptures, et de céramique
avec Ernest Chaplet ; à la Nouvelle Athènes, sur la
place Pigalle, Gauguin, accompagné de Guillaumin, retrouve
Degas, avec qui il sest réconcilié, et Zandomeneghi
; il se brouille avec Pissarro, qui le qualifie de sectaire
austère et de boursier, et avec Signac, Gauguin
réfutant les théories du néo-Impressionnisme.
Il
part à Panama le 10 avril 1887 avec Charles Laval, ensuite
en Martinique ; le voyage se passe mal, mais il ramène de beaux
paysages tropicaux qui seront admirés par Fénéon.
A Paris en novembre, il vit rue Boulard, chez son ami Schuffenecker,
qui a abandonné la bourse pour donner des leçons de
dessin. En cet hiver 1887-1888, il fait la connaissance dHenri
de Monfreid, de Théo et Vincent van Gogh, qui deviennent à
la fois ses amis et supporters. Gauguin et Emile Bernard participent,
avec van Gogh, à laccrochage au restaurant Le Tambourin.
Cest là que Paul Gauguin choisit une toile de tournesols,
et que Vincent van Gogh prend en échange un paysage de Bretagne.
En
1888, van Gogh part à Arles où il invite Gauguin. Ce
dernier préfère repartir à Pont-Aven, où
il se lie avec Emile Bernard ; il a des penchants pour sa sur
Madeleine, un amour sans espoir. Plus tard, Bernard revendiquera la
paternité des théories synthétiques ; il est
à noter que la personnalité de Gauguin lui étant
très supérieure, la querelle navait pas dobjet.
Dans le bois dAmour Paul Sérusier, venu le visiter, peint
sous la dictée de Gauguin un petit tableau en couleurs pures
sur le couvercle dune boîte à cigares ; Sérusier,
revenu à Paris, montre ce tableau, baptisé plus tard
le Talisman, à ses amis de lAcadémie
Julian qui allaient constituer le groupe Nabi. Gauguin qui dès
lors a trouvé sa propre écriture, deviendra le modèle
de ces jeunes peintres. Il a assimilé les leçons de
lart japonais. Ne copiez pas trop daprès
nature, lart est une abstraction, tirez-le de la nature en rêvant
et pensez plus à la création quau résultat
conseille-t-il à Schuffenecker. Les Impressionnistes, disait-il,
cherchent autour de lil et non au centre mystérieux
de la pensée.
Son
ascendant est patent sur Bernard, mais aussi sur Sérusier qui
va donner le départ de lesthétique nabi, précurseur
des expressionnistes. Il rejoint van Gogh à Arles, en octobre,
la cohabitation est fructueuse sur le plan pictural, lamitié
bien réelle mais orageuse. Vincent définit son ami comme
un être vierge à instincts de sauvage. Le
séjour se termine très mal, en raison de la folie du
hollandais, qui se coupe loreille juste avant le départ
de Gauguin pour Paris; là, il va habiter avec Schuffenecker,
dont il peint le portrait de famille (Musée dOrsay).
Gauguin
retourne en Bretagne, à Pont-Aven, puis au Pouldu, en octobre
1889 ; à lauberge de Marie Henry, il retrouve de Haan,
Filiger, Sérusier, et Emile Bernard avec lequel il va bientôt
se brouiller. En cette année de lExposition Universelle,
à Paris, ils exposent au café Volpini ; le public ignore
lévénement, et les anciens sindignent, mais
la nouvelle génération davant-garde, Vuillard,
Denis, Bonnard senthousiasment au contact de luvre
de Gauguin, et de Bernard; plus quun choc, cest une révélation.
En Bretagne, Mauffra rencontre Gauguin pour la première fois,
durant lété 1890.
Tous
ses amis se mobilisent pour la vente que Gauguin prépare ;
Mirbeau écrit un article vibrant dans Le Figaro qui établit
la réputation du peintre. La vente des trente tableaux à
lhôtel Drouot en février 1891 rapporte 3600 francs
; parmi les acheteurs figurent Degas, Manzi, Monfreid, Roger Marx,
les Natanson. Cette somme lui permet de préparer son départ
pour la Polynésie, le 1er avril ; il arrive à Papeete
le 9 juin 1891, quil quitte peu après pour un endroit
plus désert, Mataiea, au bord du lagon, à lendroit
où se trouve le musée Gauguin de nos jours. Durant son
séjour, il peint près de soixante-dix tableaux, la plupart
de grande qualité.
A
Paris, ses affaires ne vont pas fort, seuls lui restent fidèles
Sérusier et Monfreid ; les marchands, Joyant de chez Goupil,
Tanguy et Portier, ne vendent rien. Gauguin décide de repartir,
début juin, il arrive à Marseille en août 1893.
Il retrouve Paris changé, ses amis sont morts, éloignés
ou fâchés, largent manque. Il rend visite à
Maufra au Bateau-Lavoir. Néanmoins, grâce à linsistance
de Degas, Paul prépare sa première exposition, chez
Durand-Ruel, rue Laffitte, qui souvre le 10 novembre. Lintérêt
est grand parmi les écrivains, Degas aime mais les autres peintres
rejettent, le public boude; il vend onze tableaux sur les quarante-six
exposés, mais il avait fixé des prix élevés.
Latelier est maintenant 6, rue Vercingétorix, il vit
avec Annah la Javanaise, une métisse, et reçoit beaucoup.
Il peint, réalise deux manuscrits illustrés sur le culte
maori, exécute des gravures sur bois ainsi que des monotypes.
Il va en Bretagne en 1894, et revoit Maufra.
Après
une vente désastreuse en février 1895, le 28 juin, Paul
Gauguin isolé, alcoolique et malade, part définitivement
pour Tahiti où il arrive en juillet.
Les
soucis lassaillent, la mort de sa fille Aline, largent
qui manque le dépriment, et la syphilis se fait de plus en
plus sentir. A Paris, Vollard achète toutes ses toiles pour
mille francs.
Il
part alors pour les Iles Marquises à Hiva-Oa, en août
1901; sa situation financière saméliore grâce
au nouveau contrat avec Vollard, Gauguin lui ayant suggéré
de spéculer sur sa fin prochaine. Cest en cette période
tragique quil a peint quelques-unes de ses meilleures toiles.
Il termine le tableau qui sera son testament artistique Doù
venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? en 1898.
Ainsi que le dit Henri de Monfreid, Paul Gauguin appartient déjà
à lhistoire et la légende commence, qui ne cessera
pas de grandir. Il meurt le 8 mai 1903 à Atuana.
En
1906, la rétrospective, au Salon dAutomne, est un événement
pour les jeunes artistes, et tout particulièrement pour Picasso.
uvre
graphique. Marcel Guérin dans son catalogue de luvre
gravée, recense quatre-vingt-seize estampes : douze zincographies
(1889-1894), eaux-fortes, lithographies, environ cinquante bois (1893
-1903), cent trente-neuf monotypes.