Robert
Delval est né en avril 1934 au milieu des tubes de couleurs dans un
appartement de la rue des saules, à Montmartre. Sa mère confectionnait
des images d’Epinal. Tout naturellement, Robert Delval s’est mis à
peindre dès son plus jeune âge. Son éducation artistique s’est
forgé avec les peintres de rue dans le quartier de son enfance, les
livres et les musées.
A 25 ans, il part avec pour seuls bagages ses pinceaux et ses carnets
vivre l’aventure. Il voyage en Europe et aux Etats-Unis où il débarque
avec 20 dollars en poche. Comme il dit, un français, artiste, aux
Etats-Unis, ça ne peut pas mourir de faim! L’homme est modeste. Dès sa
première nuit à New York, il peint quelques aquarelles qui se vendent
aussitôt.
Il la poursuit en Italie, Espagne, Grèce… Et passe six mois de l’année sur la riviera française.
Robert Delval fait la connaissance d’André Roussard en 1970 qui
s’emballe pour sa peinture et l’expose dans sa galerie. Une longue
collaboration et amitié s’ensuit avec des expositions, chaque année, à
travers le monde et en particulier aux Etats-Unis. Les expositions sont
organisées par André Roussard devenu son marchand.
Comme sorties de son enfance, les couleurs de Robert Delval sont à la
fois douces et chatoyantes. Ses aplats de couleurs, bien que parfois
très vifs, ne sont jamais agressifs.
En héritier de Bonnard, on n’est guère surpris qu’il soit très proche
de Maurice Denis « on doit se rappeler qu’un tableau, avant d’être un
cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est
d’abord et essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en
un certain ordre assemblées ».
C’est avec talent que Robert Delval assemble sur la toile ses couleurs
qui le rendent reconnaissable entre tous pour former un portrait, un
paysage, une nature morte, dans une composition toujours subtile.
Eternel jeune homme à la silhouette élancée, Robert Delval n’a jamais
mené une vie de sédentaire. Il partage son temps aujourd’hui entre
Paris, la campagne yonnaise et les fjords du grand nord.
La galerie Roussard
est heureuse de présenter de nouveau les œuvres de Robert Delval de la
même façon qu’elle l’a fait durant de très nombreuses années. Cette
exposition rétrospective réunit une cinquantaine d’œuvres sélectionnées
sur quarante ans de création.
Delval
s’est donné pour maîtres Bonnard et Matisse, le charme et
l’intelligence de la peinture... [.... ] il a trouvé la grande unité
dans son œuvre ; cette puissance de la couleur et de la composition ne
créant qu’une tache, vibrant, opérant une fusion des lignes, des formes
et de toutes les nuances de la gamme colorée au profit d’une force qui
jaillit et s’impose. Son petit atelier, grand comme un mouchoir, écrasé
par les murailles, était comme illuminé d’un brasier secret.
André Parinaud, 1983
Il
faut souligner la puissance onirique de ces tableaux. En brisant les
frontières entre les catégories de la perception et de la raison, il
établit les relations alogiques entre les choses et nous fait pénétrer
dans la dimension même du rêve. Nous sommes invités à errer, les yeux
grand ouverts, dans ses champs, ses jardins, sous ses cieux, entre ses
arbres, comme si le temps était aboli.
André Parinaud, 1983
Le poète Bernard Dimey écrivait, en 1974, dans la préface du catalogue de sa première exposition:
Il y a des gens que le destin empoigne dès l’enfance de façon
insidieuse, et qu’il ne lâche plus ! De ce fait, l’individu grandit
sans savoir que sa route est tracée. Que beaucoup se perdent en route,
c’est certain. C’est certain mais c’est - en ce cas - que le destin
s’est fatigué avant l’homme.
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